Un monde à portée de main se déroule dans le milieu de la peinture en trompe-l'oeil, de cet art de précision qui copie avec virtuosité la réalité pour en donner l'illusion et se substituer à elle. Et si Maylis de Kerangal a choisi le trompe-l'oeil, c'est qu'il est bien plus «qu'un exercice technique ou qu'une simple expérience optique». C'est en effet pour elle «une aventure sensible qui vient agiter la pensée, interroger la nature de l'illusion et (à) l'essence de la peinture».
Adoptant le chiffre mythique des contes, l'auteure raconte sur sept ans (2007/2008 à début 2015) les apprentissages, les tâtonnements et les métamorphoses de Paula Karst, une jeune étudiante plutôt banale - si ce n'est le léger strabisme de ses yeux vairons - qui va quitter son cocon familial parisien de la rue du Paradis pour intégrer le prestigieux Institut de peinture de la rue du Métal à Bruxelles (1) et devenir peintre de décors.